L’injonction de faire du profit est-elle fondée ?

Jan 3, 2023

Depuis une décennie, la seule maximisation du profit de l’école néo-classique n’est plus à l’ordre du jour en raison de l’accélération du changement social, économique et culturel.

Néanmoins, faire du profit est indispensable pour qu’une entreprise puisse assurer sa pérennité tout en ayant pour objectif principal de satisfaire les besoins de ses clients et à travers eux, les besoins de sa communauté, voire même les besoins de la société entière selon les objectifs de la responsabilité sociale de l’entreprise et du développement durable à l’horizon 2030.

Quel est le rôle du profit ?

En finance, le profit est présenté comme une récompense prise par les détenteurs des capitaux lorsqu’ils investissent dans des opérations comportant une part plus ou moins grande d’aléatoire.

En comptabilité, le profit fait partie de l’équation fondamentale suivante :

Profit = Recette totale – Coût total

C’est la différence positive entre le chiffre d’affaires (prix de vente unitaire multiplié par la quantité) et le total des charges (coûts fixes et variables) supportées pour fabriquer et commercialiser ces produits sur une période donnée. Lorsque cette différence est négative, on parle de perte.

Que se passe-t-il lorsque l’équation du profit n’est pas respectée ?

En Suisse, comme dans la plupart des pays de l’OCDE, le taux de survie à 5 ans des entreprises nouvellement créées est autour de 50%. Cette mortalité s’explique en partie par la détresse financière des entités qui n’arrivent pas à réaliser un cash-flow (bénéfice et amortissement), c’est-à-dire une trésorerie permettant d’assurer leur capacité d’autofinancement.

Au contraire, les entreprises sont obligées de recourir au financement externe qui les fragilise et qui accentue les risques d’insolvabilité et de faillites.

Comment calcule-t-on le profit dans une entreprise ?
Étude de cas :

Marie et Max sont deux vieux amis d’enfance passionnés par les animaux, ils constatent l’existence d’un marché potentiel pendant la période des confinements de Covid-19 à Carouge (Genève) et décident alors de se lancer dans le commerce en ligne des aliments pour chiens en janvier 2022.

La nécessité de se faire accompagner

Dès le départ, nos deux entrepreneurs ont compris qu’il fallait bien s’entourer car un créateur ne peut pas tout gérer tout seul. Ils ont donc contacté un économiste-conseil qui les a accompagnés pendant les étapes de création suivantes :

La nécessité de se faire accompagner

  • Clarification et définition du projet
  • Rédaction d’un business plan
  • Recherche de financement
  • Choix de la structure juridique
  • Conseils divers de gestion (ressources humaines, comptabilité, etc.)

Notre couple a opté finalement pour une société à responsabilité limité sous l’appellation « M&M Sàrl » et démarre les activités commerciales le 01-01-2022.

L’obligation de tenir une comptabilité

Pendant l’année comptable, le couple a enregistré toutes les opérations courantes dans le logiciel « crésus » selon les conseils de leur consultant. À la fin de l’année, le 31.12.2022, la clôture des comptes s’est faite facilement, conformément à l’obligation de tenir une comptabilité (art. 957 et suivants du code suisse des obligations) et partant, notre couple a dû préparer la liasse fiscale (inventaire, bilan complet et compte de résultat).

Voici le rapport de l’activité du 01.01.2022 au 31.12.2022

  • Total des ventes (chiffre d’affaires) :150’000 frs ;
  • Achat marchandises : 40’000 frs ;
  • Charges variables :10% des ventes ;
  • Charges fixes : loyer 10’000, salaires 50’000, amortissement véhicule 2000 (20’000 sur 10 au taux linéaire), autres frais généraux 5’000 ;
  • Charges financières de 19’400 frs (emprunt de 150’000 frs sur 10 ans au taux annuel de 8%).

Comment dresser le compte de résultat ?

Pour vérifier si le couple a réalisé un bénéfice ou une perte, conformément à l’équation comptable fondamentale dans la période fiscale considérée, il a fallu dresser le compte de résultat (pertes & profits) en 2 colonnes :

  • Une colonne pour les charges ou dépenses
  • Une colonne pour toutes les recettes générées ou chiffre d’affaires
  1. Nous constatons que grâce à l’accompagnement par un expert dès le départ, nos deux entrepreneurs ont réalisé un profit avant impôt de 28’000 frs, soit unerentabilité globale de 19%, et un cash-flow qui permet l’autofinancement.Pour savoir si ce taux de rentabilité est bon, il faut considérer plusieurs facteurs(le secteur, modèle économique déployé, etc.) L’idéal est toutefois de viser un seuil de 15 % au moins pour le ROE (Résultat net/Capitaux propres) et 10 % au moins pour le ROCE (Résultat économique de l’entreprise après impôt / les capitaux mobilisé).

La perte est le contraire du profit

Reprenons le même exemple et faisons l’hypothèse que les charges restent constantes mais que le produit des ventes baisse en raison d’une défection de la clientèle et tombe à 100’000 frs, que se passe-t-il ?

Ce cas de perte est souvent emblématique des entrepreneurs qui essaient de se lancer tout seul sans solliciter un accompagnement ou sans faire une étude de marché sérieuse et une analyse de l’adéquation homme/projet.

Les pertes sont énormes et l’entreprise ne pouvant pas s’auto-financer, elle recourt à de l’emprunt, qui l’enferme dans un cercle vicieux susceptible de causer sa fermeture.

Conclusion : l’importance d’être accompagné

Dans la majorité des cas, une entreprise qui démarre ne réalise pas forcément un profit dès sa première année d’exercice. En effet, elle doit d’abord faire ses preuves et démontrer son avantage compétitif par rapport à la concurrence.

Mais grâce aux conseils d’un expert, l’entrepreneur va améliorer ses compétences en s’inspirant des méthodes agiles qui sont basées sur un processus d’apprentissage tel que le « Lean Startup ».

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Blog de Jean Binyet

Économiste-conseil, coach et entrepreneur (MBA)