Par Jean Binyet

Le concept d’économie informelle est difficile à cerner parce qu’il est associé à d’autres notions tout aussi complexes (secteur informel, emploi informel, économie souterraine, économie illégale, etc.). Néanmoins, nous observons tous autour de nous, une partie de la population totalement exclue tant du système financier que des activités productrices et génératrices de revenus classiques. Si nous voulons une société inclusive et un entrepreneuriat inclusif, il faut sensibiliser tous les acteurs de nos sociétés à l’urgence de la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle.

L’informalité est un phénomène qui touche celles et ceux qui gagnent à peine de quoi vivre, pour un repas ou l’entretien d’une famille. Il s’agit souvent des femmes, jeunes chômeurs, chômeurs de longue durée, ruraux à faibles revenus, handicapés, etc. Ce sont des personnes qui s’engagent dans des emplois peu qualifiés, temporaires, peu réguliers et sans aucune protection sociale car les relations sont informelles et reposent sur des liens de parenté. Mais l’informalité peut aussi être symptôme d’un environnement des affaires défavorable, c’est-à- dire que face aux obstacles administratifs et bureaucratiques (pressions fiscales, corruption, blanchiment d’argent), les entrepreneurs font une analyse coûts-bénéfices et choisissent de rester dans l’informel. Si tous les pays connaissent une forme d’économie informelle, c’est surtout l’Afrique subsaharienne qui bat tous les records, le poids de l’informel y est de 50% du PIB et 90% de l’emploi total (Zogning, Aly Mbay, & Um-Ngouem, 2017) contre seulement 18% du PIB dans les pays de l’OCDE, (Potter, 2015) .

Aujourd’hui, nous sommes tous dans un contexte de responsabilisation générale face aux exigences du développement durable, la transformation des économies informelles vers les économies formelles devient une urgence absolue. L’Organisation internationale du Travail (BIT, 2015) , préconise plusieurs mesures dont la mise en place d’une stratégie intégrée, comportant un large éventail de moyens d’action dans le but d’assurer une coordination institutionnelle en vue d’offrir aux millions de personnes concernées des opportunités en matière d’emploi et de revenu, de promouvoir leurs droits et de leur garantir une protection sociale.

A notre niveau, nous pensons que l’enseignement et la formation des jeunes et des femmes à la création et gestion d’entreprise est susceptible de leur procurer les capacités entrepreneuriales dont ils ont besoin pour transformer de manière agile et efficace leur entreprise informelle vers une entreprise formelle.

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Bibliographie

Potter, J. (2015). Syntèse sur l’entrepreneuriat informel en Europe. OCDE.
Zogning, F., Aly Mbay, A., & Um-Ngouem, M.-T. (2017). L’économie informelle, l’entrepreneuriat et l’emploi.
Quebec: Les éditions JFD inc.